S’attaquer aux racines des inégalités et à leur relation avec le système économique, les modèles de gouvernance, le développement territorial et urbain, ainsi que la restructuration des systèmes financiers mondiaux pour répondre aux besoins des communautés locales, étaient au centre de la session « Aborder les inégalités et les informalités : repenser le financement et le rôle des gouvernements locaux et régionaux », co-organisée par l’UCLG et l’Alliance des Villes, l’après-midi du 14 juin 2023.
Depuis l’adoption des ODD, les progrès dans leur mise en œuvre sont insuffisants. Le monde fait face à un contexte de polycrises qui entrave la progression des agendas mondiaux à un rythme attendu et urgent. L’accès au financement et l’architecture financière internationale restent insuffisants, entravant les efforts collectifs des gouvernements locaux et régionaux.
Pour réellement faire la différence, il est primordial de s’attaquer aux inégalités et aux informalités, d’assurer une transition juste face à la crise climatique et de réévaluer la structure financière. Ne laisser personne ni aucun lieu de côté n’est pas seulement une vision pour 2030, mais aussi une valeur quotidienne actuelle. L’établissement de liens clairs entre les biens communs mondiaux, les biens publics mondiaux et les besoins des populations et des communautés locales au sein des systèmes financiers mondiaux est un point de départ pour la transformation urgente nécessaire.
Les gouvernements locaux et régionaux peuvent contribuer à faire progresser les mécanismes et les changements législatifs vers un système qui favorise l’égalité locale et territoriale. Une approche féministe et axée sur les soins dans les budgets locaux économiques ou la compensation des mandats non financés des gouvernements locaux devrait être correctement abordée dans la redéfinition de la structure financière. Des changements sont nécessaires pour transformer les modèles économiques et atteindre un écosystème financier plus inclusif afin de canaliser les financements vers les services et les solutions au niveau local.
L’adoption d’une approche de soins pour l’évaluation des investissements, l’ancrage des décisions financières sur les besoins des personnes, la priorité donnée à la durabilité et à la protection des biens communs, l’augmentation des mécanismes de participation publique, le renforcement de la capacité des institutions locales et régionales, et la gestion des finances et de l’économie fondée sur le développement humain et le bien-être étaient certaines des propositions avancées par les intervenants.
Comme l’a déclaré Greg Munro, directeur de l’Alliance des Villes : « Pour répondre aux inégalités au niveau local, nous avons besoin d’une approche intégrée avec le citoyen comme bénéficiaire. Nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir des réponses sectorielles séparées. » Emilia Saiz, Secrétaire Générale de l’UCLG, a également renforcé ce message lors de la clôture de la session : « Le système actuel accepte les inégalités. Pour y remédier, la justice et la confiance doivent être garanties pour tous. Les gouvernements locaux et régionaux travaillent en première ligne pour garantir l’accès des communautés aux services publics locaux. C’est seulement de cette manière que nous pouvons aborder les inégalités. »
Jean Pierre Elong Mbassi – Secrétaire Général de l’UCLG Afrique : On ne peut pas lutter contre les inégalités si on connaît déjà les inégalités, car tout ce que l’on ajoutera, c’est davantage d’inégalité dans un système déjà marqué par les inégalités. Il faut donc changer de perspective, en considérant l’égalité comme un point de vue. L’égalité signifie deux choses : la dignité de chaque être humain et l’évitement de toute discrimination.
Bernadia Irawati Tjandradewi – Secrétaire Générale de l’UCLG ASPAC : Pour la région Asie-Pacifique, il est très important de créer un environnement propice à la réduction des inégalités dans les villes et les gouvernements locaux. Cela comprend des options financières, des législations, la décentralisation et bien sûr, le développement des capacités des gouvernements locaux. Autre chose sur laquelle nous devons insister, c’est la vitesse de préservation et de protection de la nature, ainsi que la vitesse de développement durable qui devrait être plus rapide que la vitesse de destruction. Nous avons besoin de plus d’actions et aussi de plus de campagnes sur les inégalités. Il existe déjà des solutions partout dans le monde, y compris en Asie-Pacifique, mais comment ces solutions sporadiques peuvent-elles être étendues à l’échelle internationale pour avoir un impact plus grand et de meilleurs résultats ?
Neila Akrim – Responsable des stratégies et des réseaux à VNG International, Fondatrice et PDG du Centre de Gouvernance Locale Innovante de VNG International, Présidente de UCLG-CIB : L’inégalité existe partout et exerce des pressions avec les défis que le monde connaît aujourd’hui : les crises partout dans le monde, qu’elles soient après la pandémie de COVID-19, économiques, sociales ou climatiques, nous rendent très vulnérables en tant qu’êtres humains, et les inégalités s’élargissent, se creusent et deviennent de plus en plus présentes. Les solutions urbaines à ces crises sont inspirantes, mais il est urgent de repenser le financement, les récits, les collaborations et les partenariats. Nous ne pouvons pas continuer à faire les choses de la même manière. L’effort collectif doit se transformer en responsabilité collective. »