« Nous vivons dans des villes d’hommes. Nos espaces publics n’ont pas pris en compte les femmes dans leur conception. Très peu de considération est accordée aux mères, aux travailleuses ou aux soignantes. Les rues des villes représentent souvent une menace plutôt qu’un lieu d’accueil. La gentrification a même compliqué la vie quotidienne des femmes. À quoi donc ressemblerait une métropole faite pour les femmes qui travaillent ? »
C’est la question centrale posée par la géographe urbaine Leslie Kern dans son livre de 2020 « La ville féministe ». Les défis auxquels sont confrontées les femmes en ville ont fait l’objet de nombreuses discussions lors du Congrès mondial de CGLU. CGLU Women a mené un puissant Mouvement Municipal Féministe, qui a encore pris de l’ampleur au Congrès. Lors d’événements comme les Caucus sur le féminisme, ou lors de la séance « Pour un soin et une vie durables au centre de l’action politique », le mouvement a débattu de ses objectifs politiques et des façons de soutenir le leadership des femmes et de garantir l’égalité des sexes.
Le Mouvement municipal féministe a souligné l’importance d’examiner toutes les dimensions relatives aux collectivités locales et régionales sous l’angle de l’égalité des sexes. Le féminisme consiste avant tout à garantir l’égalité des droits et des chances pour tous les sexes, ce qui en fait un élément crucial du programme.
Dans la définition de la politique et des actions en faveur des villes durables, les femmes jouent souvent un rôle de premier plan. Des maires aussi inspirantes qu’Anne Hidalgo (Paris), Ada Colau (Barcelone) ou Claudia López (Bogota) ont prouvé que les villes dirigées par des femmes réussissent particulièrement bien la transition vers la soutenabilité. Un documentaire sera ainsi projeté le vendredi 14 octobre dans le DCC1 lors du Congrès mondial de CGLU. Il présentera les dispositifs de soin dans la ville Bogotá, qui devraient inspirer les politiques centrées sur l’individu et partageant les valeurs du Mouvement municipal féministe. Chaque jour, un podcast intitulé « Villes et territoires féministes » sera enfin mis à disposition des participants du DCC1 Networking Hub.
Le mercredi, plusieurs manifestations telles que « Informer les femmes, transformer les vies : Les villes faisant progresser l’autonomie et l’égalité des sexes par l’information » du Centre Carter permettront de découvrir diverses approches du service public. Ces exemples très inspirants montreront comment élargir la représentation politique des collectivités locales et atteindre les femmes avec des informations qui les épanouissent.
L’Observatoire international sur la violence envers les femmes, le département français de la Seine-Saint-Denis et le Comité CGLU sur l’inclusion sociale, la démocratie participative et les droits de l’homme, ont par ailleurs abordé la question des violences faites aux femmes. Ce sujet n’est généralement abordé qu’au niveau des instances nationales ou de la société civile. Il s’avère cependant que les autorités locales et régionales sont souvent des acteurs incontournables lorsqu’il s’agit de mettre en œuvre des politiques publiques innovantes assurant la protection, le rétablissement complet et l’autonomisation des victimes. Des villes accessibles aux femmes sont des villes sûres, équitables et durables. Garantir cet objectif permet généralement aux villes de développer des réseaux de solidarité, des communautés prenant soin les unes des autres, ainsi que des services inclusifs et adaptés aux besoins des résidents, dans les domaines tels que la mobilité ou les transports. Ces villes appréhendent également l’avenir du travail et du soin, et disposent d’un plan clair sur la manière de mettre en œuvre l’égalité des sexes, la justice sociale et l’inclusion.