L’une des sessions du Town Hall du Congrès Mondial de CGLU du 13 octobre était consacrée au patrimoine commun, et plus précisément à la nécessité de créer les conditions de protection de ce patrimoine. Le « patrimoine commun » se définit comme un ensemble de biens matériels et immatériels, de ressources, de services et de pratiques considérés comme fondamentaux pour la reproduction de la vie. Ce patrimoine ne saurait donc être commercialisé, au contraire il doit être pris en charge et géré de manière collective, par des mécanismes démocratiques de participation directe, d’inclusion, d’équité et de justice multidimensionnelles. Il doit également être abordé dans un continuum d’engagements tenant compte des générations passées, actuelles et futures et de tout le vivant.
Bien que la pertinence de ce patrimoine ait déjà été démontrée grâce à des approches valorisant le bien-être collectif comme condition au renouvellement du contrat social, l’intérêt pour le patrimoine urbain est encore très récent. Les réflexions autour des parcs communautaires et des espaces publics, les infrastructures, l’accès aux services fondamentaux et aux logements abordables, les mouvements sociaux et l’appel lancé aux dirigeants locaux en faveur d’une approche progressiste, ont ainsi souvent été mobilisés pour contrer les effets néfastes de la gentrification et de la privatisation.
Le document de synthèse « Patrimoine Commun » propose un modèle qui repose sur le droit à la ville comme principe guidant les initiatives de transformation de ce patrimoine (autrement dit, des initiatives visant à encourager et à améliorer la qualité de ce patrimoine). Le lien étroit entre le Droit à la ville et le patrimoine commun se manifeste sous trois dimensions : (1) le patrimoine commun dans la ville ; (2) la ville en tant que bien commun ; et (3) le patrimoine commun en tant qu’outil de mise en œuvre du droit à la ville.
Les gouvernements locaux et régionaux jouent un rôle crucial dans la protection, le renforcement et la multiplication de ces biens communs et devront développer des stratégies et des approches originales pour relever les nombreux défis, notamment les transformations morphologiques, démographiques et de gouvernance auxquelles les villes sont confrontées. Pour mettre en œuvre ces recommandations, les droits doivent être garantis, et les habitants doivent pouvoir s’appuyer sur des approches ouvertes et participatives. La mise en commun peut ainsi s’exécuter par des stratégies exploitant l’action collective, et reposant sur des partenariats communautaires garantis par les autorités locales et régionales. Une collaboration encadrée avec la société civile peut permettre aux autorités d’agir plus efficacement tout en répondant aux besoins des populations.
La séance a abouti à de multiples recommandations, à des soutiens aux initiatives existantes de mise en commun et de mise en œuvre des conditions d’émergence de nouvelles pratiques. Ces recommandations sont les suivantes: organiser des consultations et promouvoir l’engagement participatif ; identifier les lacunes et les potentialités de chaque cadre réglementaire ; et l’établissement de moyens de communication bidirectionnels entre les autorités publiques et les citoyens. D’autres recommandations portent sur les conditions de la participation, les innovations réglementaires, les mécanismes de coopération, le contrôle social, l’apprentissage collaboratif et le renforcement des capacités.