Urban Journalism Institute

Gouvernance Locale

Les élections locales de 2023

L’année 2022 fut intense pour la démocratie locale. La République tchèque, l’Islande, l’Italie, le Népal, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, les Philippines, le Sénégal, la Serbie, la Slovaquie, la Suède et la République de Corée figurent parmi les pays qui ont connu des élections locales. 

En 2022, le Népal a tenu ses premières élections locales depuis 20 ans. Les citoyens népalais ont ainsi voté dans 6 villes métropolitaines, 11 agglomérations, 276 municipalités et 460 communes rurales. Ces élections étaient d’autant plus déterminantes que la nouvelle constitution adoptée en 2015 et la loi sur les affaires locales de 2017 ont transféré des pouvoirs et des responsabilités majeures aux autorités locales. Les résultats furent sans précédent. Les scrutins ont notamment permis un net succès des candidats indépendants face aux représentants des partis historiques. De plus, les femmes ont remporté 41,21 % des sièges.

En 2023, des élections locales auront également lieu en Norvège, en Espagne et au Royaume-Uni. Certaines villes des États-Unis comme Chicago, Denver, Houston et Philadelphie éliront également leurs maires.

2023 sera le théâtre d’intenses élections en Espagne

Les élections municipales de mai 2023 marqueront le lancement d’un cycle électoral en Espagne. Simultanément, les citoyens voteront pour les représentants des 12 gouvernements régionaux (l’Aragon, les Asturies, les Baléares, les Canaries, la Cantabrie, Castille-La Manche, l’Estrémadure, Madrid, Murcie, Navarre, La Rioja et Valence). Les élections nationales sont prévues pour la fin de l’année, en décembre, tandis que l’Espagne assurera la présidence tournante de l’Union européenne à compter du 1er juillet 2023.

Ces douzièmes élections démocratiques locales d’Espagne seront célébrées par plus de 8 000 municipalités. Les premières élections indépendantes succédant au régime du dictateur Francisco Franco de 1936 à 1975 datent de 1979. Aujourd’hui, plus de 80 % de la population espagnole vit en ville, soit près de 40 millions de personnes. Madrid, Barcelone, Valence, Séville, Saragosse et Malaga sont les métropoles les plus peuplées, et parmi ces six municipalités, Barcelone est la seule à être dirigée par une femme (Ada Colau). Historiquement, depuis 1979, toutes les grandes villes d’Espagne ont cependant eu au moins une femme maire.

Madrid, Espagne
© Igor Oliyarnik

Les deux grands partis traditionnels d’Espagne sont le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) et le Parti populaire (PP). Au cours des dernières élections municipales de 2019, le Parti socialiste a recueilli près de 30 %, contre 22 % pour le Parti populaire. C’est en 2007 que le Parti socialiste a obtenu son meilleur score (35 %) ces 20 dernières années. Pour le Parti populaire, 2011 fut sa meilleure année (37,5 %). Ces chiffres traduisent l’émergence progressive des petits partis, qui ont fragmenté le vote populaire et entraîné une intensification des alliances électorales pour garantir la gouvernabilité des villes.

Cinq des six plus grandes villes ont aujourd’hui un gouvernement de coalition. Trois d’entre elles, Barcelone, Valence et Séville, sont gouvernées par des partis de centre-gauche, tandis que Madrid et Malaga, sont gouvernées par des partis de centre-droit. Enfin, Saragosse est dirigée par un maire du Parti Populaire, et soutenu par le parti conservateur-libéral Ciudadanos, et le parti d’extrême-droite Vox.

Douze régions organiseront également des élections en mai 2023. Parmi elles, dix sont actuellement gouvernées par des partis ou des coalitions de centre-gauche, et seulement deux (Madrid et Murcie) par le centre-droit.

La ville de Madrid fut gouvernée par le Parti populaire pendant près de 25 ans, jusqu’aux élections locales de 2015 que Manuela Carmena a remportées comme représentante d’une union de gauche avec le Parti socialiste, appelée Ahora Madrid. En 2019, la liste ayant récolté le plus de voix fut Más Madrid (Plus de Madrid), un nouveau parti progressiste formé pour succéder à Ahora Madrid. C’est cependant José Luis Martínez Almeida qui fut élu maire de Madrid, porté par une coalition avec le Parti populaire et Ciudadanos.

Une tendance similaire s’est dégagée dans la ville de Valence. Le Parti populaire a gouverné la ville pendant près de 25 ans, avec notamment Rita Barberà qui fut maire entre 1991 et 2015. Cette année, Coalició Compromís, une coalition de gauche, remporta les élections et conclut un accord avec le Parti socialiste. En 2019, le maire Joan Ribó, issu de Compromís, fut élu et reconduisit le gouvernement de coalition.

 

À Barcelone, le parti socialiste a gouverné la ville de 1979 à 2011. Après 32 ans, Convergència i Unió, le parti politique nationaliste catalan conservateur qui a dirigé le gouvernement régional catalan de 1979 à 2003, remporta les élections. Il demeura au pouvoir pendant quatre ans avant qu’un nouveau gouvernement progressiste ne reprenne la mairie de Barcelone. En 2015, la maire Ada Colau, remporta les élections à la tête d’une coalition de gauche appelée Barcelona en Comú (Barcelone en Commun). En 2019, bien que n’étant pas la candidate la plus plébiscitée, elle accepta une coalition avec le Parti socialiste et fut réélue maire. Séville et Saragosse ont connu de nombreuses alternances politiques entre le parti populaire et le parti socialiste. À Malaga, le maire du Parti Populaire, Francisco de la Torre, gouverne la ville depuis 1995. 

Les élections locales du Sri Lanka de 2022 reportées pour 2023

Le Sri Lanka a annoncé que les élections municipales auront lieu le 9 mars 2023. Il s’agit des premières élections d’envergure nationale après l’intense crise économique et politique à laquelle le gouvernement a été confronté. Plus de 16,6 millions de Sri Lankais seront appelés à élire leurs représentants locaux. 

Les dernières élections municipales avaient eu lieu en 2018. Le parti Sri Lanka Podujana Peramuna (SLPP) avait alors remporté 40 % des voix et gouverne depuis dans la majorité des conseils municipaux. C’est le cas de la capitale administrative, Sri Jayawardenapura Kotte, et de la plupart des grandes villes du pays, comme Dehiwala-Mount Lavinia, Moratuwa et Negombo. Toutefois, le parti au pouvoir à Colombo, la capitale exécutive et judiciaire et la plus grande agglomération du pays, demeure le Parti National Uni (centre-droit), avec l’activiste Rosy Senanayake qui siège comme maire depuis mars 2018. Le SLPP est régulièrement qualifié de parti populiste, mettant l’accent sur le nationalisme, le développement économique et le conservatisme social.

Colombo, Sri Lanka
© Alex Azabache 
Oslo, Norvège
© Maria Bobrova

Les résultats de la Norvège aux élections locales de 2023 établiront ils un record du nombre de femmes maires ?

Le pays nordique organisera ses élections locales le 11 septembre 2023. Les résultats de 2019 ont signifié un pourcentage sans précédent de femmes maires en Norvège. Plus d’un tiers des maires élus étaient des femmes. En vingt ans, de 1999 à 2019, le pourcentage de femmes maires a plus que doublé. Les six plus grandes villes du pays, totalisant près de deux millions d’habitants, sont toutes dirigées par des femmes. Bergen, Stavanger, Trondheim, Fredrikstad et Drammen sont en effet gouvernées par des femmes maires du parti travailliste de centre-gauche. Oslo, la capitale et de loin la plus grande ville, est la seule à être gouvernée par le parti socialiste de gauche.