Urban Journalism Institute
Chennai, Inde
© Prashanth Pinha 

Les femmes dans le leadership local et mondial

Les mesures et les actions politiques visant à lutter contre les inégalités de genre, les discriminations institutionnelles et les violences à l’égard des femmes et des filles resteront parmi les défis majeurs à relever sur l’ensemble de la planète en 2023. Le mouvement municipal féministe mondial devrait gagner en force et en ampleur. Sans pour autant négliger le droit des femmes ou le nombre de femmes au pouvoir, il aspire avant tout à accroître la participation significative de toutes les personnes, en mettant l’accent sur les groupes qui, historiquement, culturellement et systématiquement, ont été exclus. Cela inclut les femmes, la communauté LGBTQIA+, les populations autochtones, les personnes de toutes origines, les jeunes, les personnes âgées, les personnes handicapées et les dirigeants des mouvements féministes. On ne saurait trop insister sur le rôle de l’action locale dans la poursuite de la parité. Accroître le nombre de municipalités dirigées par des femmes et donner aux femmes les moyens d’occuper des postes de responsabilité et de décision est l’un des axes fondamentaux du mouvement.

La maire de Montevideo, Carolina Cosse, a été élue présidente de CGLU en 2022 jusqu’à fin 2023. Cosse est l’une des cinq femmes qui gouvernent les capitales d’Amérique latine, avec les maires de Bogotá, Mexico, Saint-Domingue et Santiago du Chili. Dans les plus grandes villes d’Amérique latine, le pourcentage de femmes élus maires dépasse les 11 %. Les chiffres ne sont guère meilleurs au plan national. Seuls la Barbade, le Honduras, le Pérou et Trinité-et-Tobago ont des femmes à la tête de leur pays.

La première ministre du Bangladesh, Sheikh Hasina, est la plus ancienne dirigeante de gouvernement d’un pays. L’Inde, le Népal, Samoa, Singapour et Taïwan sont les cinq autres pays d’Asie à avoir des femmes à la tête de l’État ou du gouvernement. Jacinda Ardern, le Premier ministre néo-zélandais, a annoncé qu’elle démissionnerait de son poste en février 2023, ouvrant par la même occasion un débat public sur le sexisme et la lenteur des processus d’intégration des femmes en politique. S’agissant des femmes élues maires dans les capitales d’Asie, il n’y en a que trois : Honey Lacuna Pangan, maire de Manille depuis juin 2022 ; Rosy Senanayake, maire de Colombo depuis 2018, et Yuriko Koike, première femme gouverneur de Tokyo, élue en 2016. 

En Afrique, Rose Christiane Raponda était la Première Ministre du Gabon jusqu’à sa nomination comme première femme Vice-présidente du Gabon le 9 janvier 2023. L’Éthiopie, le Togo, la Tunisie et la République unie de Tanzanie sont les quatre pays qui comptent des femmes chefs d’État en Afrique. Banjul, Freetown, Libreville, Lusaka, Malabo, Rabat et la Tunisie figurent parmi les villes dont les maires sont des femmes élues. 

En Union européenne, dix des 27 Etats Membres ont élu des femmes à la tête de leur pays : Danemark, Estonie, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Italie, Lituanie, Slovaquie et Slovénie. Les Conseils Municipaux d’Amsterdam, Berlin, Copenhague, Dublin, Luxembourg, Paris, Sofia et Stockholm sont également dirigés par des femmes. 

Les autres pays d’Europe dont les chefs d’État sont des femmes sont la Bosnie-Herzégovine, la Géorgie, l’Islande, le Kosovo, la Moldavie et la Serbie. Parmi ceux-ci, la Bosnie-Herzégovine et la Moldavie, ainsi que la Barbade, sont les seules républiques au monde où à la fois les chefs d’État et les chefs de gouvernement en exercice sont des femmes.

Le renforcement du rôle des femmes dans la vie politique passe d’abord par leur intégration politique. Le nombre de femmes participant à la prise de décision au niveau local a augmenté ces dernières années. C’est en partie grâce à la consolidation des démocraties dans le monde et aux mouvements favorables à l’égalité dans la sphère publique.

Selon les chiffres recueillis par ONU Femmes dans 136 pays, ce sont près de 3 millions de femmes qui représentent 34 % des membres des gouvernements locaux. Seuls deux pays ont atteint le seuil de 50 %, et la barre des 40 % n’a été franchie que dans 20 pays. Le pourcentage le plus élevé de femmes occupant des postes de direction locale se trouve en Asie centrale et du Sud, où il atteint 41 %. L’Océanie affiche 32% et l’Asie de l’Est et du Sud-Est 28%. Et selon les données de CGLU, un peu plus de 5 % des maires de villes dans le monde sont des femmes.

S’il est vrai que la représentation féminine est plus marquée au niveau local qu’au niveau national, il suffit d’observer les assemblées de décisionnaires pour constater que la parité est encore loin d’être atteinte. Aux États-Unis d’Amérique, en août 2022, sur les 1 617 hommes politiques qui exercent la fonction de maire, seuls 26 % étaient des femmes. Si on ne considère les 100 villes les plus peuplées, ce pourcentage monte à 33 %. Parmi ces 33 femmes maires, 9 sont des femmes noires, 3 sont des Latino-Américaines et 5 sont des asiatiques / originaires du Pacifique. Rappelons que sur les 46 présidents de l’histoire des États-Unis, aucune femme n’a accédé à la fonction suprême.

La capitale, Washington, a élu sa toute première femme maire, Muriel Browser, en 2015. La ville de New York n’a encore jamais élu de femme au poste de maire, tout comme Philadelphie ou Détroit. Los Angeles faisait partie de ce groupe de villes américaines n’ayant jamais eu de femme maire au poste de maire jusqu’en novembre 2022. Karen Bass est alors devenue la première femme et la deuxième maire noire de Los Angeles, en succédant à Eric Garcetti.

En 2022, les statistiques de l’Institut Européen pour l’Egalité entre les femmes et les hommes révèlent un pourcentage de 17,7 % de femmes maires ou adjointes en Union européenne. Si l’on étend les données aux membres des conseils municipaux, le pourcentage passe à 34,5 % sur la même période.Ces dernières années, on a observé une hausse du nombre de femmes à la tête d’institutions majeures : Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne ; Kristalina Georgieva, directrice générale du Fonds monétaire international ; Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne ; Janet Yellen, secrétaire au Trésor des États-Unis ; Sharan Burrow, secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale, ou Ngozi Okonjo-Iweala, directrice générale de l’Organisation Mondiale du Commerce. 

Nouvelle-Guineé, Nicaragua
© Carlos

PROJECTEURS SUR :

La Coalition d’Action pour l’Egalité des Générations sur le Leadership et les Mouvements Féministes
Les Coalitions d’Action pour l’Egalité des Générations servent de feuille de route mondiale pour l’égalité des sexes et l’accélération des progrès vers les ODD. Parmi les six coalitions multipartites, celle sur le leadership et les mouvements féministes est composée de 25 membres et codirigée par CGLU. La position de la coalition est la suivante : “D’ici 2026, les leaders, mouvements et organisations féministes, y compris ceux dirigés par des personnes transgenres, intersexuées et non binaires, des femmes autochtones, des femmes et des personnes handicapées, des jeunes féministes et d’autres personnes traditionnellement exclues, disposeront de toutes les ressources et de tout le soutien nécessaire pour devenir durables. En février 2023, CGLU organisera à Barcelone un atelier en présentiel de deux jours sur la stratégie et la vision de la Coalition.

La loi sur l’égalité des sexes en Sierra Leone

La loi sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes a été signée par le Président de la Sierra Leone en janvier 2023. Cette loi vise l’égalité des sexes et prévoit un quota minimum de 30 % pour chaque genre dans les postes électifs et nominatifs de la fonction publique du pays. A l’heure actuelle, les femmes ne représentent que 19 % des élus locaux, 12 % des sièges parlementaires et quatre des 32 postes ministériels. Cette loi imposera également aux entités publiques et privées de réserver 30 % de leurs emplois aux femmes, de même que 14 semaines de congé de maternité, une égalité de rémunération et des opportunités de formation. La loi entrera en vigueur avant les prochaines élections présidentielles, parlementaires, municipales et locales en Sierra Leone, en juin 2023.

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L’Initiative pour le Leadership des Maires Africains (African Mayoral Leadership Initiative – AMALI) a lancé le City Leadership Programme en janvier 2023, dévoilant la première promotion de maires et de gouverneurs africains issus de 11 pays. Le maire de Lusaka, Chilando Chitangala, le maire de Kitwe, Mpasa Mwaya, et le maire de Nansana, Regina Bakitte Musoke, font partie de cette cohorte. Le programme, d’une durée d’un an, aidera les dirigeants locaux à affiner la stratégie de leur ville. AMALI est le fruit d’un partenariat entre le Centre africain pour les villes (ACC) et Big Win Philanthropy.

https://amalicities.africa/

La Plateforme des Femmes Dirigeantes de l’AGNU réunit des femmes chefs d’État pour mettre en évidence le sens du leadership politique mené par les femmes. Sa première réunion a eu lieu en septembre 2022, à l’initiative spéciale du président de l’Assemblée générale, Csaba Körösi, et de la directrice exécutive d’ONU Femmes, Sima Bahous. On ne sait pas encore dans quelle direction la plateforme évoluera en 2023. 

La Journée internationale des femmes dans le multilatéralisme Adoptée par l’UNESCO en novembre 2021, ce sera la deuxième année que la Journée internationale des femmes dans le multilatéralisme sera célébrée le 25 janvier. Elle a pour but de reconnaître le rôle essentiel joué par les femmes dans la progression des droits de l’homme, de la paix et du développement durable au sein du système multilatéral. La journée plaide pour une représentation accrue des femmes aux postes de décision clés qui façonnent et appliquent les agendas multilatéraux. Elle vise également à garantir que le multilatéralisme profite aux femmes et aux filles, grâce à des actions et des accords contribuant à l’égalité des sexes.